Selon une toute récente étude e-doceo ISTF, le nombre des entreprises proposant des parcours Blended Learning combinant présentiel et e-learning à leurs collaborateurs a augmenté de 7% d’une année sur l’autre. Une croissance significative, loin toutefois d’être exponentielle ; c’est que les entreprises ont eu tout le temps de se faire au Blended Learning devenu d’utilisation courante, y compris dans les PME et les TPE… Au point qu’une certaine lassitude se fasse sentir ?
7% d’entreprises utilisatrices du Blended Learning en plus. Une chiffre à doubler d’un autre constat, cette fois dans les plus grandes entreprises : une certaine désaffection commence en effet à se manifester dans celles dont la maturité Digital Learning est la plus avancée, comme le note le Benchmark Européen du Digital Learning (Féfaur-Crossknowledge, 2016) : « La fréquence d’utilisation du Blended Learning composé de e-learning et de présentiel a fortement diminué entre 2011 et 2015 (de 76 % à 51 % pour souvent ou très souvent). Il semble que ce qu’on a pu qualifier de « Blended Learning 1.0 » (linéaire, offrant peu de souplesse à l’apprenant, encore inspiré d’une vision traditionnelle de la formation centrée sur le stage) soit menacé par des nouvelles pratiques de formation répondant mieux aux attentes des salariés et des entreprises ».
Ces nouvelles pratiques font la part belle au distanciel sous toutes ses formes - auto-formation (e-learning, rapid learning, vidéo learning, etc.), social learning (échanges entre pairs, support des experts dans des communautés de pratique / apprentissage) - et au monitorat ou au coaching en situation de travail. La domination du format stage s’estompe progressivement : on escompte que le phénomène s’accélèrera avec la montée en puissance des générations Y et Z dans le monde du travail.
Autres chiffre tiré de l’étude e-doceo ISTF, plus inquiétant : 33% seulement des organismes de formation ont intégré le Digital Learning dans leur offre de formation. Comment mieux traduire la rupture en cours entre la demande et l’offre ? Organismes de formation privés et opérateurs de formation publics restent à la peine pour mener à bien une nouvelle proposition de valeur permettront de mieux répondre aux enjeux de la formation et aux attentes pressantes des salariés et des métiers. La prise de conscience est là, ainsi qu’en témoignent par exemple les résultats d’une récente enquête des partenaires sociaux de la Branche des organismes de formation privés, dirigeants et salariés confondus. Mais beaucoup d’opérateurs resteront sur le carreau, car la transformation digitale d’un organisme de formation est tout sauf simple. La vision, la stratégie, les moyens humains manquent ; le temps et le cash flow aussi, sur fond d’activité stage en perte de vitesse, avec le risque que celle-ci soit cannibalisée par le Digital Learning dans l’organisme de formation qui tente de se diversifier.
Le présentiel ne disparaîtra pas pour autant, comme le rappelle un responsable formation cité dans l’étude : « Personne ne croît à la fin du présentiel ! ». C’est son statut de « générique » qui est mis à mal, et son efficacité (moins 5% par rapport à la précédente édition de l’étude), et toute l’économie que ce statut a généré. Le stage est doublement menacé, parce qu’il devient une modalité de formation, parmi beaucoup d’autres, et parce que le « présentiel » est en cours de migration de la salle de formation au poste de travail, dans une approche tutorale mieux à même de servir l’exigence de personnalisation et de mise en application des savoirs acquis.
Michel Diaz
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