L’évaluation de la formation est un chantier prioritaire. Il semble que la plupart des alertes portent à présent sur la nécessité d’évaluer l’impact de la formation sur le développement des compétences et la performance opérationnelle dans l’entreprise. Faut-il pour autant se désintéresser de la qualité de la formation, au moment où elle devient plus complexe à appréhender ?
Premier constat : il vaut mieux parler de « la qualité des formations » que de « la qualité de la formation ». La meilleure façon d’obtenir un bon niveau général de qualité, c’est de s’assurer de celle de toutes les formations qui sont délivrées par le service formation. Les équipes formation, le responsable formation en particulier, doivent se convaincre qu’il suffit de laisser filer une formation qui apparaîtrait comme moins importante / stratégique, pour attenter à l’image et à la réputation de la formation dans l’entreprise.
Deuxième constat : la qualité d’une formation, c’est celle de chacun de ses composants ; c’est celle aussi de l’assemblage, qui ne se réduit pas à une simple addition des qualités composantes.
Du stage à l’auto-formation : la notion de qualité évolue
C’est bien compris dans le cadre d’un stage qui sera apprécié en fonction de la qualité du programme, de la documentation et des activités pédagogiques proposées aux apprenants, de celle de l’animation ; de la qualité aussi de la salle de cours et de ses équipements, de l’accueil ; de celle de la relation avec les autres apprenants… sans oublier (la liste n’est pas exhaustive) la qualité des processus qui sous-tendent l’édifice (y compris par exemple le processus administratif de convocation). On ne s’étonnera pas que ce thème - la qualité du stage - ait généré autant d’ouvrages savants ou de normes !
L’auto-formation s’est fortement développée depuis une quinzaine d’années, avec l’avénement de la formation en ligne - e-learning, Rapid Learning, vidéo learning… Chacun des composants de l’auto-formation pourrait à son tour faire l’objet de la même analyse. Qu’est-ce qui fait qu’un module e-learning, par exemple, sera ou pas de bonne qualité ? Sa durée (partie intégrante de la qualité perçue par l’apprenant), les interactions proposées à l’utilisateur (sinon il s’endort), le nombre (forcément limité) et l’expression des messages qui sont à retenir, le « look and feel » (la qualité graphique de ce qui va se dérouler à l’écran). Ces éléments, qui sont intrinsèques au module e-learning, sont délicats à maîtriser ; il y faut notamment des compétences pédagogiques, ergonomiques, rédactionnelles. À cette complexité s’ajoute que le module devra pouvoir être lu sur toutes les plateformes utilisées par un même utilisateur (son smartphone en particulier). Contrainte supplémentaire : les usages Web et smartphones qui conditionnent en partie la qualité des ressources en ligne évoluent en permanence et toujours plus rapidement. Au contraire des bonnes pratiques relativement stables qui président à la qualité d’un stage, celles de l’auto-formation bougent sans cesse !
La qualité du Blended Learning
Les nouveaux dispositifs de formation (pas si nouveaux d’ailleurs) sont résolument « blended » : l’auto-formation se décline dans des parcours qui intègrent d’autres modalités : le stage souvent, les apprentissages informels toujours, d’autres médias comme les classes virtuelles, etc. Je le rappelais : la qualité n’est plus seulement celle des composants, elle est aussi celle de leur assemblage, du parcours de formation résultant. Il arrive que celui-ci prenne le pas sur les modalités qui le composent : on pardonnera à certaines modalités (sessions) d’être de moindre qualité si la qualité d’ensemble du parcours ne laisse pas à désirer. Qualité encore plus délicate à obtenir que celle de ses unités : le design du blended, la conception du mélange suppose un haut niveau d’expertise et d’expérience, notamment dans les champs de l’andragogie (et de ce qui motive un adulte à se former) et des nouveaux usages numériques. De sorte qu’en la matière deux extrémismes sont à fuir : celui des traditionalistes arcboutés sur le seul format stage (« autrement, ce n’est pas de la formation »), celui des jeunes pousses gavées de capitaux qui confondent la simplicité d’un trajet en Uber avec l’effort sans commune mesure qu’une personne doit accomplir pour développer (sinon maintenir) ses compétences !
Michel Diaz
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