Transcription d'un entretien réalisé le 22 mars 2030… Une façon de mettre en lumière les tendances, lourdes et chargées de rupture, qui travaillent la formation. Métaphore ? 2030, c'est déjà là !
Le journaliste (L.J) : Merci d’avoir accepté notre invitation à ce journal.
L’expert en formation (L.E) : Le sujet le méritait !
L.J : Le grand jour serait là ! Vous dîtes que la formation prendrait enfin son envol ?
L.E : Oui. Et il était grand temps. Nous sommes en 2030 : cela n'aura pris plus d’un demi siècle pour y parvenir. La coexistence entre différents modèles de formation a enfin cessé pour laisser place à ce modèle unifié qu'on pressentait depuis longtemps déjà. Au plus grand bénéfice, ajouterai-je, des apprenants eux-mêmes.
L.J : Vous voulez dire qu’on ne parlera bientôt plus d’e-learning, de blended-learning, de mix-learning, de MOOC, SPOC et autres bizarreries ?
L.E : En effet… de tout ce charabia marketing qui dissimulait, comment dire, un certain défaut de connaissances des clients sur ces sujets. Il n'y a pas si longtemps, par exemple, tout le monde voulait son MOOC et pschitt… le soufflé est retombé. Le MOOC n’a jamais été une innovation ; mais la sonorité de l'acronyme est séduisante, il faut l'admettre.
L.J : Vous sciez la branche sur laquelle vous êtes assis…
L.E : Non ! Bien au contraire. J’ai toujours défendu les fondamentaux de notre métier, et l'expertise en ingénierie de formation. Notre cœur de métier, ce sont les théories de l’apprentissage. Pour imaginer et concevoir un dispositif de formation, une seule question compte : Comment apprend-on ? Comment donner l'envie d'apprendre ? Comment faire évoluer les représentations mentales d’un individu ? Comment lui faire acquérir de nouvelles compétences, maintenir son employabilité ? C’est cela la richesse de notre métier.
L.J : Mais vous ne pouvez nier que les technologies de communication, le digital, ont apporté de vrais bouleversements dans l’exercice de votre métier…
L.E : C'est vrai, et c'est même grâce à ces technologies, à cette transformation digitale de toutes les activités humaines, que la formation a atteint ce niveau de qualité que nous lui reconnaissons aujourd’hui.
L.J : Vous y allez peut être un peu fort ! Les technologies ne font pas la qualité de la formation.
L.E : Ce n’est pas ce que j’ai dit. La formation se conçoit en articulant théories de l’apprentissage et technologies de communication. C’est ainsi que nos dispositifs de formation ont gagné en puissance et en qualité. Prenons un exemple. Jusqu’en 2020, on a produit des modules de formation, ces contenus bien construits, médiatisés mais qui n'ont apporté rien de plus que ce que nous a apporté l’Enseignement Assisté par Ordinateur des années 1960. Depuis le début de notre siècle, la large diffusion des technologies de l’information, les technologies du virtuel, le très haut-débit, le Big Data et la connectivité permanente ont facilité le changement de paradigme attendu. La formation ubiquitaire s’est imposée comme le modèle de formation, un modèle de formation unique.
L.J : Formation ubiquitaire, vous aussi vous faites du marketing !
L.E : Arrêtez de me charrier ! Et prenez plutôt conscience qu’aujourd’hui je peux apprendre ce qu’il est utile que j’apprenne et rien que cela !
L.J : Oui ! On connaît bien cela. C'est ce que l'on appelle l'individualisation.
L.E : Mieux que ça… La connaissance est stockée dans des entrepôts de données. Des algorithmes puissants sont capables d’élaborer, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle, sur le web sémantique, en temps réel, des agrégations de contenus répondant à votre besoin, et seulement à lui. Autrement dit, le système a appris à vous connaître. Il connaît vos compétences. Il connaît le métier que vous exercez. Il est capable, à partir des informations collectées vous concernant, informations personnelles et professionnelles, de vous proposer un assemblage formation constitué de sources et de situations d’apprentissage vous permettant de corriger une pratique professionnelle ou d’en acquérir une nouvelle et ce, tout au long de votre vie. C’est cela la formation ubiquitaire, une formation permanente, créée dynamiquement en fonction de qui vous êtes et de ce que vous faites, là où vous vous trouvez pour améliorer vos compétences et maintenir votre employabilité.
L.J : Quand on parle d’xAPI, le standard de la formation médiatisée, parle-t-on aussi de formation ubiquitaire ?
L.E : xAPI, experience API, est un outil de la formation ubiquitaire. Il n’est pas le seul. Vous voyez avec ce modèle de formation qui transcende tous les autres, ce qui est au centre de l’apprentissage c’est l’individu. Les théories de l’apprentissage conjuguées avec les technologies de communication sont au service de l’individu. Dans ce modèle, toute activité humaine est une source d’apprentissage mesurée et collectée pour enrichir le portefeuille de savoirs et de compétences de chacun. La seule finalité est de contribuer, et je pèse le mot, à notre épanouissement.
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