Pour Nicolas Hernandez, CEO de 360Learning, les LMS ont une longue histoire dont le cours est en train de changer… Affaire d'adaptation aux nouveaux usages et à la culture web, prise en compte aussi des contraintes du business… L’ère digitale, qu’est-ce que vous en retenez principalement ?
Nicolas Hernandez : Deux dimensions : une qui concerne les "usages & la culture" et l'autre touchant au business. La dimension usage ressort avant tout de l’ergonomie des technologies qui permet un accès ultra simplifié et universel : aujourd’hui tout le monde utilise des interfaces ergonomiques, faciles d’accès, flexibles, mobiles, collaboratives dans son quotidien. Les échanges pair-à-pair permettent de libérer une valeur "dormante" en entreprise, et ces échanges interpersonnels augmentent énormément l’engagement individuel et collectif. A travers les outils et les usages, il y a ainsi une notion "d’expérience collaborateur" qui se crée, au même titre qu’on parle "d’expérience utilisateur" sur le web. Il s’agit de la posture dans laquelle l'entreprise se présente au collaborateur, la manière dont elle interagit avec lui, et du ressenti qui en découle. Cette expérience collaborateur est le socle d'une nouvelle culture d'entreprise, qui, aujourd’hui, dans l’ère digitale, se forme dans les échanges entre les collaborateurs, alors qu’elle était autrefois dictée par le top management. C'est tout le sujet stratégique de la transformation digitale, la clé quand on parle d’engagement, de rétention, d’attractivité des talents dans l'entreprise, de performance aussi.
La seconde dimension de l’ère digitale, c'est le business. On pourrait dire que la plupart des frottements sont réduits, voire carrément supprimés. Je m'explique : concrètement, les cycles temporels sont raccourcis et les coûts associés aux outils digitaux ne cessent de chuter. Il y a une liquidité, une fluidité naturelle de l’information. On parle de la "course à zéro" à laquelle se livrent les éditeurs, et je pense que c’est emblématique : Google et Amazon en sont de bons exemples.
Comment cette ère digitale se traduit-elle dans le champ de la formation ?
Nicolas Hernandez : On retrouve ces 2 dimensions dans le champ de la formation. Alors que dans les années 2000, le digital learning, ou plutôt le e-learning, se présentait essentiellement comme un outillage de diffusion d’information top-down, il devient, depuis 2010, le lieu d’une émulation grâce aux multiples modalités collaboratives qu'on voit émerger. Cette tendance est littéralement en train d'exploser : on fait produire des formations par les opérationnels et les experts métier, on infuse de la collaboration dans ces formations et tout cela peut même se jouer sur mobile ! Le Digital Learning devient enfin une expérience. Sur le plan business, la "course à zéro" se déroule aussi sous nos yeux : on veut produire et déployer les formations en un temps record, on veut réduire à zéro les coûts de production, on veut la décentraliser. Autant de choses aujourd'hui possibles grâce aux nouvelles technologies.
Les plateformes LMS sont-elles à même de servir ces nouvelles attentes ?
Nicolas Hernandez : Les plateformes LMS ont une histoire un peu particulière, puisque l’avance du secteur a fini par se transformer en retard ! Cela fait presque 25 ans que l'on parle de e-learning. Les plateformes LMS sont quant à elles apparues au début des années 2000. Il y avait donc une sorte d’avance. Mais alors que l’industrie digitale a connu une accélération phénoménale depuis 2010, ces LMS n'ont malheureusement pas su se mettre à jour des usages de l’ère digitale : certes très fonctionnels, ils sont extrêmement complexes à administrer, l’expérience pour l’utilisateur final n’est pas bonne, la conception de formations y est lourde et les temps de déploiement varient de 6 à 18 mois. Ça n’est pas compatible avec les besoins de l’entreprise d’aujourd’hui.
Vous êtes en train de dessiner en creux le portrait d’un LMS de l’ère digitale ? La plateforme 360Learning épuise-t-elle ces possibilités ?
Nicolas Hernandez : Le LMS de l'ère digitale, c'est celui qui actualise toutes les potentialités du fonctionnel LMS, mais revisitées, refondues sous l'angle des usages et du business que nous venons d'évoquer. C’est toute la philisophie du LMS qui est différente ! Par exemple, les LMS traditionnels ne donnent aucun rôle aux formateurs : la formation est un package envoyé par l’administrateur aux apprenants, mais le formateur n’a aucune possibilité d’animation dans la formation. Pourtant les possibilités sont multiples : activités en groupe, forum inclus dans la formation, exercice de pitch où l’apprenant se filme avec sa webcam et où le formateur corrige à distance, gamification, etc. 360Learning apporte des solutions uniques sur chacun de ces points, et sur bien d'autres… Il ne faut pas chercher très loin pourquoi nous sommes entrés en 24 mois dans 160 comptes, dont 25 % du CAC 40 !
Propos recueillis par Michel Diaz
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